A l'époque du collège je ne
comprenais pas ce rituel qui consistait à remplir une fiche de renseignements, indiquant le métier des parents.
Déjà à l'époque ça me grattait aux
entournures, tant cette pratique me semblait destinée à s'accorder
les inclinations favorables ou défavorables de l'enseignant.
Mon incapacité à remplir des cases
pour mieux m'y enfermer n'ayant fait que grandir avec moi, quand mes
enfants sont entrés à l'école j'ai eu toutes les difficultés du
monde à remplir les formulaires administratifs avec la docilité le
sérieux requis.
Pour Toutgrand, toute soucieuse que
j'étais de passer pour une mère « la plus normale possible »,
la première année de maternelle je me suis pliée à ces rituels,
mais très rapidement j'ai cherché à comprendre. Alors j'ai demandé
en quoi le fait de savoir si nous étions de nationalité française
et les métiers que nous exercions changerait en quoi que ce soit les
conditions de scolarité de nos enfants, dès lors que leurs
inscriptions avaient été acceptées.
Systématiquement on m'a répondu que
ces renseignements servaient à établir des statistiques, plus tard
on a même rajouté que ça permettrait de faire le lien entre les
catégories socio-professionnelles des parents et la réussite
scolaire des enfants...
Je pense avoir fait l'admiration de la
personne en charge de la saisie des informations statistiques dans
notre académie, qui m'a connue tour à tour dresseuse de
tigres, spationaute, horlogère, tisseuse de soie, chanteuse lyrique, fleuriste spécialisée en fleurs des champs, conductrice de poids lourds, vitrailliste, ébéniste, tourneuse-fraiseuse, etc.
Rassurée, elle n'a sans doute pas eu
de doutes quant à la fabuleuse stimulation intellectuelle dont
bénéficieraient nos enfants au cours de leur scolarité, en étant
éduqués par une mère aussi polyvalente.
Lors des réunions de rentrée
parents/profs sur la fiche de présence à remplir dans la colonne
lien avec l'élève j'ai souvent écrit marâtre, syndrôme de stockholm, indéfectible, affectif, maintenu, génétique, spirituel, familial, etc.
Les affaires se sont corsées à partir
du collège. Comment faire pour remplir les mots de retard ?
Autant les absences peuvent être l'objet de maladies rares et
merveilleusement exotiques, mais un retard, à part « problèmes
de réveil », « circulation » ou « retard de
bus », que mettre ?
Autre problème de taille, dans sa
quête d'acceptation sociale l'adolescent n'apprécie pas du tout,
mais alors PAS DU TOUT, la moindre tentative de fantaisie maternelle,
jusque dans les mots de retard.
Le plus adolescent de mes 3 têtes
multicolores, à savoir Petitout, ne m'épargne rien de ma
condition de mère d'adolescent. S'il est en retard il me fera la
grâce d'accepter que je l'accompagne au collège, mais en le
déposant dans une rue parallèle d'où je ne risquerai pas d'être
visible des autres collégiens. Si je refuse de l'accompagner il se
plaindra d'avoir une mère sans cœur et indifférente qui aura porté
plus d'attention bienveillante à ses deux aînés. Si je m'habille
avec élégance il me soupçonnera d'être complexée socialement, si
je m'habille de façon plus décontractée il me reprochera de me
laisser aller. Bref, vous l'aurez compris : quoi que je fasse ça
n'ira pas !
Forte de ce constat, il m'arrive de
laisser libre cours à ma vraie nature sans me soucier des
remontrances adolescentes. Ainsi, pour son premier retard de l'année
à l'emplacement « motif» j'ai indiqué :
« désynchronisation familiale ». Pour le second j'avais
opté pour « indolence provoquée par un déséquilibre
hormonal lié à la puberté »
Ces motifs n'ont vraisemblablement pas
été considérés comme valables par l'éducation nationale,
pourtant ça me semblait plus juste que « problèmes de
circulation » ou « panne de réveil ».
Honteux, par la suite Petitout a
surveillé de près tout écrit de ma part et je n'ai guère pu faire
preuve de lyrisme administratif.
Mais chers amis à cet instant je me
réjouis, Petitout a eu deux retards cette semaine et j'ai tout un
week-end pour réfléchir à de nouveaux motifs, si vous êtes
inspirés merci de partager.
5 commentaires:
"passait l'aspirateur dans la maison et n'a pas vu le temps passer"
(je ne suis jamais inspirée pour ces trucs-là, je viendrai piocher des idées).
Tu nous fais mourir de rire!!!
Et la Biennale du Design???? C'est la dernière semaine! On est absent le week-end prochain pour cause d'anniversaire maternel et ce n'est pas une excuse bidon..
Bisous
Ah moi c'était (pour la benjamine en 4e) "n'a pas pu descendre de son lit mezzanine à cause des chats") véridique, elle était morte de honte ! Et puis je parsème mes différentes signatures de fleurs, d'oiseaux, de bonhomme batons, de smiley. Elle n'en peut plus. Du coup c'est son père qui s'y colle, s'il est plus classique dans ses formulations, je te prie de croire qu'il est beaucoup moins enclin que moi à pardonner un retard ou un oubli !
Quelle inventivité ! j'espère que l'éducation nationale apprécie !
Copie du commentaire de Zozostéo supprimé par Blogger :
"ça me rappelle la fois où, au lycée, j'avais séché pour aller à une manif. Avec accord paternel. Le lendemain matin, la CPE avait planté son bureau dans le couloir pour filtrer tout le monde. Elle regarde mon mot d'absence, avec comme motif: "manifestation". ça ne lui a pas plu! :-D"
Bellzouzou :
J'adore ! Oui, je vais mettre ça, c'est déclinable à volonté, parfait merci.
Dany :
;-) j'ai pensé à toi. J'ai réalisé que la biennale était sur la fin quand une collègue m'a annoncé s'y rendre le week-end dernier, mais je crains de n'avoir pas le temps d'y aller, les week-ends sont tous pris jusqu'à mi-septembre. En gare j'ai acheté le hors série du magazine Psychologies qui est vraiment super, intitulé : "Profiter de l'instant présent". Y a urgence ! :)
Lapunaise :
:-) excellent ! Je t'envie car je n'oserais jamais prendre le risque de dessiner des fleurs, des oiseaux, des bonhommes bâtons ou des smileys dans son carnet de correspondance, le jeune homme est rancunier et c'est lui qui choisira ma maison de retraite...
Anonyme :
Vraisemblablement pas le CPE car il a noté les 2 premiers retards comme "non justifiés", mais je ne désespère pas d'éveiller sa fibre artistique.
Zozostéo :
:-) ils sont bizarres ces CPE. Moi je serais fière d'avoir des élèves assez engagés et matures pour participer à des manifestations plutôt que sécher pour fumer des bedots.
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