"Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d'être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n'êtes plus l'otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l'instant présent. Imaginez que vous savez tout a coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d'être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l'ordre du jour. Imaginez que votre capacité d'émerveillement soit intacte, qu'un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d'espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent.

Imaginez que la traversée de vos gouffres en vous inspire plus que de la joie. C'était tout cela être le Zubial."

Alexandre Jardin, Le Zubial

11.3.24

Ma prochaine rencontre

J'ai eu la chance de croiser dans ma vraie vie Jean-Jacques Goldman (attention, je n'ai pas dit que nous étions partis en vacances ensemble), Michael Jordan (qui cependant ne m'a pas invitée sur son yacht), Erik Orsenna (qui ne m'a pas conviée à un atelier d'écriture), Mads Mikkelsen (le temps de le protéger des remontrances de notre chère Bellzouzou) et, pour rappel, récemment M m'a foncé dessus
Comme j'ai fini par croiser tous les hommes que j'admirais, dont un sur lequel je fantasmais ouvertement (avec l'accord de mon amoureux, qui, homme de peu de foi, ne croyait pas en mon pouvoir magique), je ne peux passer sous silence mon dernier rêve.

Figuraçionnez-vous, mes damnes zé mes cieux, que dans ce rêve très doux dont je me souviens parfaitement (signe fort), je me rendais à un concert en Californie, entendais chanter sur une grande scène un sémillant jeune homme, plus connu comme acteur que comme chanteur, et ledit acteur tombait éperdument amoureux de moi. Et moi de lui aussi, à priori.
Nous vivions une torride, sensuelle et magnifique histoire d'amour sans fin, en toute simplicité, sur une plage au soleil, dans le plus simple appareil.
Comme mes rêves s'avèrent plutôt arrangeants, il m'était d'une fidélité inédite, car, habituellement entouré de créatures de magazines toutes refaites chez les mêmes chirurgiens, il était follement séduit par mon naturel, la douceur et le délicieux parfum de ma peau, ainsi par l'originalité de mes vergetures, qu'il n'avait jamais vues à Hollywood : my wonderful natural tatoos ! 

Vous allez me dire, et ton amoureux alors ?

J'imagine que, beau prince, il s'inclinait devant l'évidence de notre amour et entamait une magnifique histoire avec Nathalie Portman ou qu'il était mort quelque mois auparavant d'un infarctus, et j'étais inconsolable, raison pour laquelle mes adorables amies m'avaient emmenée en voyage en Californie pour me changer les idées*.

Le seul vrai souci avec mes rêves prémonitoires, c'est qu'ils peuvent se produire sous 2 jours, 2 mois ou 10 ans.

Bon, sait-on jamais, je file me faire-faire le maillot dare-dare !

Jason, je suis prête !



*Par souci d'honnêteté, au réveil, j'ai prévenu mon amoureux que je serai sans doute amenée à le quitter pour vivre une incroyable histoire d'amour avec Jason Momoa. Il s'est contenté de soupirer en secouant la tête, mais je l'ai tout de même senti plus inquiet que quand je lui parlais de M, avant qu'il ne me tombe dans les bras l'été dernier.

29.2.24

Vive le 29 février !

C'est un 29 février que j'aurai payé le loyer de Petitout, ce qui est à la fois rare mais pourtant pas exceptionnel, étant donné que je paye le loyer de mon plus jeune enfant le dernier jour de chaque mois.

Ce qui est plus exceptionnel, c'est le nombre de bonnes nouvelles reçues ce jour-là. 

Mon amie C, qui peinait à trouver un logement avec un montant de loyer et de charges auquel elle puisse faire face dans la seconde plus chère ville de France et en élevant seule son fils, a reçu le coup de fil qu'elle n'espérait plus. C'est avec grand plaisir que je l'aiderai à s'installer dans quelques semaines.

J'ai trouvé les coordonnées d'un entraîneur de basket qui a beaucoup compté pour moi et qui semblait réellement heureux de m'entendre. Nous avons discuté deux bonnes heures, il m'a donné des nouvelles de nos connaissances communes et je suis repartie plus de trente ans en arrière.

Il était terriblement ému que je l'invite à mon anniversaire et plus encore en réalisant quel âge je fêterai. Il ne m'a pas vu vieillir, il garde l'image de mes 15 ans, c'est amusant.

Alors, j'ai téléphoné à plein de copines de l'époque qui le connaissent bien et nous avons décidé d'essayer de retrouver la forme avant de se revoir et on a ri, on s'est moquées, ce soir c'est sûr j'avais 15 ans.

Vivement mes 19 ans et le lot de bonnes nouvelles que m'apportera le prochain 29 février. 

8.2.24

Le romantisme n'est pas mort

L'année prochaine mon blog aura 20 ans*, ce qui signifie que les plus courageux d'entre vous lisent mes nevrosiades depuis plus d'une majorité. 

Vous n'êtes donc pas sans savoir que par chez nous la mort et les obsèques ne sont pas un tabou, même si j'ai été surprise de mon manque de sérénité bouddhiste cet automne, quand j'ai cru ma dernière heure arrivée.

À ce moment précis j'ai compris que les principes sont une chose et que la réalité en est une autre. Mes proches savent désormais que le moment venu il faudra à minima m'assommer, voire me droguer lourdement à mon insu. C'est un fait, plutôt que d'accepter de quitter le monde dans un sourire lumineux, je m'accrochais à la vie, comme les morpions aux poils pubiens de Sophie D, 5ème B, après qu'elle soit allée acheter un Levi's d'occasion aux puces de Saint Ouen, les biens nommées.

Après cette alerte, nous avons encore passé un cap et décidé de louer une concession funéraire. Bien entendu, la reine mère y vit une nouvelle invitation à squatter chez nous et demanda si sa dépouille y serait la bienvenue. Aux termes de longues tractations, nous convînmes qu'elle serait sans doute plus facile à côtoyer dans la mort que dans la vie, aussi nous acceptâmes**. 

Alors que ce projet était initialement pour moi le comble du romantisme : reposer ensemble près l'un de l'autre pour l'éternité mon amoureux et moi, comme nous étions tous réunis lorsque nous en avons parlé, ça a rapidement tourné en réunion d'acquisition d'un meublé touristique en timeshare.

Sans compter que d'autres questions se sont ensuite bousculées dans ma tête : et si nous nous séparons après avoir signé le contrat, faudra t'il faire préciser dans le jugement de divorce que je souhaite qu'il aille reposer ailleurs ? Existe t'il des procédures d'expropriation funéraire ? 

J'ai aussi repensé à cette très gentille mère d'un camarade de classe de mon enfant, qui avait donné un de ses reins à son mari, qui sinon serait mort. Mari qui, en guise de remerciement, s'était mis à maltraiter sa femme. J'avais souvent émis le vœux à l'époque, qu'elle puisse récupérer son rein et le laisser crever. 

Bref ! Il s'est avéré que le sujet remuait les méninges plus que je ne l'aurais soupçonné. 

C'est d'ailleurs à cette époque que j'ai relu avec délectation, "changer l'eau des fleurs", même si à la seconde lecture, tout semble un peu trop cousu de fil blanc. 

Mais revenons à nos brebis (à bas le patriarcat ovin !), donc, si mon amoureux, qui adore sa belle-mère, n'a pas pris ombrage de sa présence dans notre dernière demeure, il s'est par contre montré inflexible sur le choix des autres co-locataires***.

Il m'a clairement accusée de vouloir transformer notre concession en auberge espagnole, a exigé de donner son accord pour chaque futur occupant et s'est même opposé à ma créativité artistique pour le dessin de la stèle.

Je lui ai rappelé que jusqu'à récemment, son seul souhait concernant les dispositions à prendre pour son corps débarrassé de ses 21 grammes d'âme, était de l'accrocher nu sur un arbre afin qu'il soit mangé par les oiseaux.

Il m'a rappelé que c'était la seule option un tant soit peu écologique qu'il lui restait, étant donné que je m'opposais à la crémation et que les cercueils en carton n'étaient pas acceptés par les pompes funèbres.

Aussi, avant que la situation ne s'envenime, nous avons décidé d'attendre le rendez vous en mairie, pour prendre connaissance du règlement du cimetière, avant d'échafauder quelque plan irréalisable. 

Il n'empêche, je l'ai trouvé drôlement sexy, cet homme au demeurant raisonnable et grand taiseux devant l'éternel, quand il s'emportait et s'exprimait avec véhémence sur le bien mourir ensemble et la cohabitation funéraire bienveillante.

Serait-il devenu aussi fou que moi ?


*En mars 2025 : grosse blogorencontre-fiesta à la capitale !

**Etant bien entendu que si ma mère y a sa place, mon père aussi, nous allons prendre la concession King size.

***Je lui ai dit que ce serait une bonne idée que nos ex soient enterrés avec nous afin de faciliter les trajets à nos enfants, il n'était pas d'accord.

19.1.24

Sur le chemin de la sagesse

Ces derniers mois nous avions prévenus famille et amis qu'en 2024 nous n'accepterions aucune invitation et n'inviterions personne, sauf pour une occasion très spéciale cette année et les anniversaires de ma dream team.

Personne n'y croyait mais je tiens bon, moi la gardienne du planning et la cheffe du protocole, et comme c'est agréable !!!

Je ne ressens plus aucune pression sociale, plus d'injonctions et c'est psychologiquement si apaisant que je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt.

Plusieurs fois mon amoureux m'a demandé inquiet "qu'est ce qu'on a de prévu le week-end prochain" et à chaque que je lui ai répondu "rien", je l'ai senti plus inquiet encore.

J'ai supprimé mes groupes Whats*App, mis ma page Facebook en pause et savoure le bonheur de ne vraiment rien prévoir d'autre le dimanche que me balader à pieds, lire et boire du thé au coin du feu***, ça fait un bien fou.

L'étape suivante, réussir à éteindre mon téléphone portable pour être injoignable toute une journée sans être stressée. 

***Bon, en vrai, j'ai entrepris de faire un grand rangement (avec tri et dons) et même si c'est fatiguant, ça fait également un bien fou.

18.1.24

Fuck le camembert !

Tout avait commencé avec de bonnes intentions.

La période étant financièrement sensible et puisque j'avais une réunion importante en fin d'après-midi dans le pays du camembert, qu'à cela ne tienne, pour la première fois de ma vie je prendrais un car pour ce long déplacement.

Je me suis donc couchée tôt, réveillée à 1h30, partie à 2h30 et j'étais sur le parking près de la seconde grande gare de Lyon à 3h30. J'envoyai quelques mails urgents et me dirigeai vers la gare routière. Le temps de comprendre qu'il y a en réalité deux gares routières, j'attrapai in extremis mon bus en direction de Paris.

Je choisis un premier siège, au sujet duquel un passager sorti pour fumer m'informa vertement qu'il était le sien et m'invita subtilement à en choisir un autre. Décontenancée par tant d'agressivité, je restai accorte et saluai les passagers éveillés, avant de m'installer sur un siège libre. Personne ne se donna la peine de me répondre et je n'eus droit qu'à des regards surpris, voire réprobateurs. Compréhensive, la jeune femme sur le siège devant le mien m'informa qu'ils étaient tous épuisés car ils avaient fait le trajet depuis l'Espagne, étaient partis la veille et avaient dû changer régulièrement de sièges car certains grouillaient de punaises. Elle me montra même une vidéo qu'elle comptait envoyer à la compagnie en demandant le remboursement de son billet.

Je décidai de rester stoïque, moi que mes sœurs appellent la princesse petit pois depuis toujours et prenaient un malin plaisir à torturer psychologiquement pendant des heures en me faisant croire qu'elles avaient trouvé des poux dans mes cheveux quand elles me coiffaient, car elles me savaient phobique de la vermine. Je pris sur moi aussi parce que Petitout s'était copieusement moqué de moi en apprenant que je prendrais un car. Le jeune homme ayant décidé que je serais trop snob et bien trop précieuse pour me mélanger à la plèbe, j'étais bien décidée à lui prouver le contraire.

Quand mes proches voisins, non porteurs de masques, se mirent à tousser à s'en décrocher les poumons, je restai stoïque. Quand mes voisins de derrière, manifestement imbibés d'alcool se mirent à gueuler car plus nous approchions de la région parisienne et plus la température baissait, en partageant généreusement avec moi les relents de leurs beuveries, je restai stoïque. Quand mes deux voisins de droite, jeunes touristes asiatiques couverts d'objets de voyage trop kawaii et de bigoudis, se précipitèrent vers moi pour prendre des photos de la belle campagne française sous le givre, par ma fenêtre, je restai stoïque. Quand nous nous arrêtâmes à une station service pour nous repoudrer le nez et que j'en profitai pour acheter un livre intéressant et qu'une passagère me jeta un regard dubitatif, voire moqueur, je restai stoïque.

Je restai très très stoïque jusqu'à Paris et je fis bien. Un magnifique soleil m'y attendait et c'est le cœur plein d'allégresse que je pus aller voir le film "La tresse", encore mieux que le livre. Ensuite je pris un délicieux encas en terrasse et reçus un appel professionnel qui m'annonça une très bonne nouvelle. C'est donc joyeusement que je me dirigeai vers la gare routière pour prendre mon second car. Finalement cette journée serait merveilleuse, il y avait moins de monde dans ce second car, assurément plus propre et qui partit à l'heure.

Avant d'entrer dans le car j'avais aperçu un jeune homme coiffé d'une somptueuse coupe mulet qui me tira un grand sourire. Je souris plus encore en me souvenant que mon amoureux avait porté la même à l'adolescence et j'essayais d'imaginer la tête qu'il aurait aujourd'hui avec cette même coupe. Le jeune porteur de la coupe mulet m'avait vu sourire en le regardant et semblant croire que j'étais conquise, il s'assit à côté de moi et commença à me parler. 

Il me fallut du temps pour comprendre que le monsieur assis quatre rangées derrière et qui hurlait dans un long monologue incohérent n'était pas un plaisantin mais plus probablement schizophrène et alcoolisé. Le chauffeur du car fit le choix de mettre la radio à fond pour couvrir ses cris et c'est avec intérêt, mais crainte pour l'intégrité de mes tympans, que je découvris la programmation de ladite radio avec les décibels d'une boite de nuit. Bien heureusement, j'ai toujours des boules Quies dans mon sac à main, je m'en félicitai, tout en constatant que les autres passagers semblaient totalement impassibles. J'en déduisis que j'étais sans doute la seule à y voir un problème, mais je commençai sérieusement à soupçonner une caméra cachée.

Nous fîmes un second arrêt à la Défense et une nouvelle voisine, parfumée à la Marie-Jeanne, eut la gentillesse de m'offrir un nouvel environnement olfactif. Je réfléchissais à quelle personne j'avais pu offenser pour que mon karma s'acharne ainsi, lorsque je reçus un nouvel appel. Contre ordre, la bonne nouvelle professionnelle n'était plus valable, elle était attribuée à quelqu'un d'autre. 

Je restai digne, mais commençai à songer à l'exorcisme, lorsque le chauffeur s'arrêta sur le parking de l'autoroute et nous annonça une panne moteur d'une durée indéterminée. Je me mis à rire nerveusement, croyant à une plaisanterie, mais ce n'était pas une plaisanterie. Nous restâmes à l'arrêt pendant une bonne heure, avec notre bruyant roi du monologue qui décida de prendre la place du chauffeur, qui était sorti pour essayer de réparer le moteur ou du moins trouver une solution. Le chauffeur remonta, nous dit que l'état du moteur ne lui permettrait pas de nous conduire jusqu'à destination, mais qu'un autre car viendrait nous chercher. Il redémarra et nous emmena à la sortie suivante, dans un centre régional de formation des conducteurs de cars. Nous attendîmes pendant une heure et demi dans une salle de réunion et, comme dans Koh Lantah, des alliances commençaient à se former, des amitiés à naître. Le jeune homme à la coupe mulet révisait ses équations différentielles au tableau, tandis que des matrones canalisaient le roi du monologue et le sommaient d'arrêter de boire ses flasques de whisky.

Je restai stoïque.

Un nouveau car vint nous chercher, mais le chauffeur était furieux d'avoir été dérangé alors qu'il ne travaillait pas, car il allait rater un match de foot. Il parfait très fort au chauffeur du second car qui était monté avec nous. Nous eûmes tous l'occasion d'en apprendre beaucoup sur ses déboires sentimentaux actuels, son premier divorce, sa double nationalité, ses projets d'achat d'appartement, ses projets d'achat d'un car d'occasion pour l'envoyer au pays, ses projets d'achat de voiture neuve pour devenir conducteur de VTC et, comme il était urgent de faire une étude de marché, il utilisa son téléphone portable pour regarder les annonces de cars d'occasion et de voitures quasi neuves de sa main gauche, tout en conduisant à plus de 110 km/h sur l'autoroute de la main droite, alors même que son collègue lui expliquait qu'avec un car sur cette route il ne devait normalement pas rouler à plus de 90 km/h, ce qu'il ne semblait pas croire.

Pas plus que je n'en crus mes oreilles quand on nous appris que la préfecture venait du publier une alerte vigilance orange verglas et que la circulation des bus et voiture serait interdite dans toute la région pendant les 24 prochaines heures. J'avais évidemment raté ma réunion et me demandais quand ce cauchemar prendrait fin.

Arrivés à destination avec trois heures de retard, je me dirigeai vers le airbnb que j'avais réservé. J'avais fait 18 heures de route pour rien, j'étais épuisée et je reçus un sms du propriétaire de l'appartement qui me donnait la procédure pour entrer chez lui en son absence. Je vous jure que j'ai pensé que c'était encore une blague, mais celle de trop. Le parcours pour aller récupérer la clef dans un boitier à code caché derrière un mur, accéder à l'appartement par un passage caché et passer de nombreuses portes afin de pouvoir enfin ouvrir la porte d'entrée, était digne de Fort Boyard. Je voyais le liquide bleu s'écouler, je n'en pouvais plus.

Avant d'arriver à l'appartement j'avais juste eu le temps d'acheter deux trois choses à grignoter, ce que je fis avant de sombrer dans un sommeil profond. Le lendemain matin je décidai d'aller rencontrer un contact local, histoire de ne pas avoir fait la route pour rien et j'arrivai au rendez-vous trempée de la tête aux pieds. Il pleuvait fort et faisait en plus terriblement froid, avec le verglas sur les trottoirs je ne pouvais pas marcher vite.

J'avais bien heureusement pris un billet de train pour un trajet retour direct en fin d'après-midi, aussi je fus prise d'une irrépressible envie d'aller déjeuner dans un restaurant asiatique près de la gare pour me réchauffer avec une bonne soupe Pho. Comme il restait vingt bonnes minutes avant l'ouverture du restaurant, je décidai d'aller voir en gare si je pourrais échanger mon billet pour partir plus tôt. J'avais été bien inspirée car l'agent de la SNCF m'appris que mon train avait été supprimé et, comme j'étais stupéfaite de ne pas en avoir été informée, elle eut la gentillesse de me changer mon billet sans supplément. Seulement, j'avais une correspondance obligatoire à Paris. Qu'à ce la ne tienne, je n'étais plus à cela près.

Le temps de me repoudrer le nez et m'acheter un sandwich, je montai dans le TER en direction de Paris. TER sans chauffage dans lequel je me mis à claquer des dents tant j'avais froid et qui eut la bonne idée de s'arrêter vingt longues minutes en chemin. Enfin arrivée en gare de Paris saint Lazare, je me précipitai vers le métro, qui bien heureusement était direct jusqu'à la gare de Lyon. Mais, par principe ou solidarité avec les autres moyens de transport empruntés jusque-là (je ne saurais dire exactement), il s'arrêta lui aussi pendant vingt minutes.

Enfin arrivée à la gare de Lyon, je vis sur les panneaux d'affichage que deux TGV partaient en direction de Lyon à la même heure et depuis deux halls différents. Evidemment, j'attendais dans le mauvais hall et montai juste à temps dans mon TGV. Une fois confortablement installée à ma place dans la voiture, ils annoncèrent vingt minutes de retard au départ... Qu'à cela ne tienne, j'étais devenue l'incarnation de la zénitude, jusqu'à ce que monte dans ma voiture le plus immonde de mes collègues dans toute l'histoire de mon parcours professionnel. Je l'ignorai avec soin. 

Arrivée à Lyon, je me perdis dans la gare, en cherchant désespérément la sortie me permettant d'accéder à la bonne passerelle, pour arriver sur le bon côté du quai, au bout duquel se trouvait ma voiture. Mon amoureux me téléphona à ce moment-là et, toute guillerette à l'idée de son magnifique sourire quand il me retrouverait plus tôt que prévu, je l'informai que mon tgv direct avait été annulé et lui fis croire que j'étais encore à Paris et que j'allais tâcher de trouver un tgv rapidement pour le retrouver au plus vite.

Il me semble avoir versé une larme quand je me suis installée dans ma voiture.

C'est donc toujours guillerette que je me dirigeai vers l'A7, quand les panneaux annoncèrent un gros bouchon. Je sortis à temps pour prendre la nationale et suivis les autres voitures qui allaient dans la même direction que moi. Epuisée, je n'eus pas la présence d'esprit de mettre le GPS et me contentai de suivre la file de voitures. Quand elles tournèrent toutes à droite, je fis de même et me retrouvai sur l'autoroute en direction de Saint-Etienne... qui n'était évidemment pas ma direction.

Je pris la première sortie, fit un énorme détour et arrivai enfin à ma destination finale pour retrouver mon amoureux. Quand je toquai à la porte je ne lus pas un immense bonheur sur son visage mais une très grand colère. Il s'était terriblement inquiété et m'imaginait errant dans Paris, dans le froid et le désespoir.

Bref ! Je n'aime plus le camembert.

24.12.23

Off

Hier soir avant de m'endormir j'ai éteint mon téléphone portable, ça ne m'était pas arrivé depuis tellement longtemps. 

C'est si bon de s'endormir en sachant ses précieux couchés dans les chambres toutes proches et en sécurité. 

Mes cher.e.s ami.e.s, je vous souhaite pendant ces fêtes le bonheur d'avoir vos précieux tout près de vous. 

Tournée de bises chaleureuses 

9.12.23

Le syndrome du cordon

J'invente des pathologies si j'veux !

Force est de constater que ça ne m'est pas passé.

Quand mes enfants étaient scolarisés en maternelle et primaire, les autres parents (voire même les enseignants) s'amusaient de me voir trépigner à la sortie de l'école.

Ils avaient beau me rendre à moitié folle, surtout le mercredi (rebaptisé "le jour le plus long"), les jours de cours c'est toujours le cœur gonflé d'amour et avec hâte que j'attendais de les retrouver.

Quand ils sortaient, je les prenais dans mes bras, les embrassais comme du bon pain et nous rentrions ensemble à la maison.

J'avais besoin de pouvoir scruter leur visage et leur langage corporel pour m'assurer que leur journée s'était bien passée et qu'est-ce qu'on riait quand ils me racontaient leurs journées.

Et un jour, ils ont grandi.

Ils sont devenus trois adultes incroyablement formidables. Incroyablement, pour les autres, mais pas pour moi car j'ai toujours su quelles personnes formidables ils sont, avant même qu'ils n'aient eu l'occasion d'en faire la preuve.

Bien sûr, ils ont des défauts, c'est aussi pour leurs défauts que je les aime. J'ai toujours été, je suis et resterai à jamais leur première fan.

Aujourd'hui, ils vivent leurs vies d'adultes et, sauf Toutebelle qui est actuellement à la maison en recherche d'emploi, je ne les vois plus très souvent. Et pourtant, même à distance, ce lien reste très fort.

Ils ont la patience de ne pas s'agacer quand presque chaque jour je leur demande comment ils vont, s'ils ont bien mangé, s'ils n'ont pas trop froid...

Ils ont la gentillesse de sourire quand j'ai des inquiétudes pour eux de tout petits, alors qu'ils sont désormais bien plus grands et forts que moi.

Ils ont la tendresse d'accepter que je leur fasse des câlins et mille baisers quand nous nous voyons et que je leur envoie des petits mots d'amour.

Ils ont le tact de m'éconduire gentiment quand je réclame des visio pour pouvoir lire sur leur visage qu'ils vont bien.

Je les aime tant qu'ils me manquent jusque dans ma chair et parfois même il me semble ressentir comme une montée de lait fantôme.

Je les aime de façon animale, sans aucune raison, ni modération. 

Aussi, je prends sur moi pour ne pas les étouffer. Je ne leur dis pas toutes mes inquiétudes, je laisse des silences de temps en temps et je suis les recommandations de mon amoureux qui me somme de les laisser tranquilles, sinon je ne deviendrai jamais grand-mère.

Alors je les laisse tranquilles, mais ils me manquent très souvent.

On ne m'avait pas dit que ça ferait ça aussi d'être mère.